Prise en compte des pratiques des usagers dans la conception énergétique des bâtiments

Le secteur du bâtiment est le principal consommateur d’énergie (environ 45%) loin devant le transport. Il est également responsable de la consommation d’une grande quantité de matière, de matériaux et d’eau. De nombreuses recherches sur la performance énergétique du bâtiment ont permis de trouver des solutions : des enveloppes moins déperditives où adaptatives, des systèmes de production, de distribution d’énergie etc. (Niveau 1).

Néanmoins, nous savons aujourd’hui que s’arrêter aux questions liées à la « consommation » d’énergie serait une réponse biaisée car il existe plusieurs autres aspects inhérents à la performance énergétique du bâtiment. Ceux liés à son cycle de vie et qui doivent être intégrées sont :

• L’énergie grise liée à la fabrication, le transport, etc. des matériaux et des systèmes
• L’énergie nécessaire à l’entretien et à la maintenance du bâtiment et de ces systèmes.
• L’énergie liée au mode de transport utilisé pour fréquenter le bâtiment et sa proximité aux moyens de transports collectifs ou doux
• La raréfaction des ressources
• La fin de vie des bâtiments : démolition, valorisation des déchets par réemploi et recyclage (Niveau 2).

Plusieurs études ont démontré leurs limites face à la prise en main du bâtiment par les habitants. En effet, toutes les solutions actuelles sont appliquées à des espaces qui sont investis par des utilisateurs dont il nous est, aujourd’hui, difficile de mesurer l’impact de leurs usages et habitudes sur la consommation finale d’énergie et donc de mesurer la variation possible entre la consommation réel (mesurée après installation des utilisateurs) et celle théorique (calculée sur la base des solutions techniques apportées) (Niveau 3).

L’objectif de cette recherche est de développer un outil informatique d’investigation qui serait capable de prévoir la probabilité qu’un projet qui se veut performant énergétiquement atteigne ses objectifs après occupation des lieux. L’outil serait utilisable dans les phases de montage du projet et tout au long de son processus de conception / réalisation. Le but étant d’en faire un outil qui permettrait d’adapter au mieux les solutions architecturales apportées aux usagers (comportements, besoins) tout en essayant de maîtriser leur coût énergétique.

Pour la réalisation de cet outil d’aide à la décision nous utiliserons les réseaux bayésiens qui nous semble adapter à la complexité à laquelle nous sommes confrontés. « Les réseaux bayésiens permettent d’analyser une grande quantité de données pour en extraire des connaissances utiles à la prise de décision, contrôler ou prévoir le comportement d’un système, au diagnostic des causes d’un phénomène etc. » P Naïm, P-H Wuillemin, P Leray, O Pourret. et A Becker. « Réseaux bayésiens »

Cette recherche vient dans le prolongement et l’enrichissement d’une boite à outils d’aide au commissionnement et à la décision qui a été développé dans une précédente recherche réalisée dans le cadre d’une thèse en collaboration avec le CSTB, au sein du département Énergie. Le commissionnement en tant que processus de contrôle qualité joue un rôle important dans le bon déroulement du processus de réalisation de bâtiments à faible consommation d’énergie.

Le Réseau Bayésien Orienté Objet flexible : évaluation multicritères : économie d’énergie, confort et surcoût (Version 3 de la boite à outils d’aide au commissionnement et à la décision) N.HANNACHI-BELKADI